Oh, Brynja n’avait rien compris. Si seulement elle avait pu comprendre ces dessins, étranges, différents. Mais pourtant, rien ne venait. Ces traits ne ressemblaient en rien aux runes Nordiques ou même aux dessins, aux peintures qu’elle était habituée d’apercevoir dans son temps, si lointain, elle le comprenait maintenant. Et pourtant, que pouvait-elle bien faire ? Tout ce que la Valkyrie déchue pouvait faire, c’était de suivre ceux qui lui étaient venus en aide. Cet homme-chat se montre si gentil, si généreux, de bonne grâce. Et cette jeune femme aux cheveux de jais et aux allures frêles est si douce et compréhensive. Heureusement qu’elle était tombée entre bonnes mains. Heureusement. Car elle sait qu’elle reste une prisonnière de cet endroit plus qu’étrange et incompréhensible. De cet endroit où les lumières ne sont pas des flammes et où le feu ne réchauffe pas – où les meubles sont recouverts d’autre chose que des peaux des animaux chassés et de paille. Tout est si différent. Même ce sol de bois luisant – en quoi le bois peut-il luire ? Tant de mystères, tant de questions, sans jamais une réponse, car jamais elle ne pourrait les poser.

Brynja se laisse porter sans même broncher, sans aucune résistance. Elle est si faible. Elle a si froid. Elle a envie de mourir – car elle sent que la mort n’était que la seule issue à ce monde catastrophique. La mort de laquelle elle a été tirée, se réveillant ici. Sans Odin. Sans ses sœurs et sans son cheval. Son fidèle destrier qui est mort dans un bain de sang sur cette couche de neige lumineuse. Elle se sent monter, mais ses yeux se ferment, doucement, jusqu’à ce qu’ils arrivent à un étage. Ils finissent de monter et la jeune femme commence à lui dire des noms. Des noms et encore des noms. Inconnus. Ses yeux céruléens se portent sur les inscriptions sur les portes. Toutes si différentes ! Mais des caractères reviennent souvent. Elle plisse les yeux et s’attarde sur eux alors que la jeune femme prononce les mots. Des intonations, des sons voguant dans l’atmosphère. Mais elle ne comprend rien. Pour elle, tout n’est qu’un murmure de vent entre les arbres – murmure incompréhensible qui touche la peau et laisse indifférent. Que tente-t-elle de découvrir en disant ces mots ? Ces mots tous différents écrits sur des portes des plus étranges. Elle n’a jamais vu le métal utilisé de cette manière ronde. Elle ne peut comprendre la signification.

Et puis vient quelque-chose. Elle lève la tête. Regarde la jeune femme. Qui répète. Oui ! Son nom ! Ses yeux s’écarquillent. Elle a dit son nom ! Était-il écrit sur ces portes étranges, dans cette langue inconnue ? La belle aux cheveux de blé se délaisse de son transporteur, descendant légèrement sur ses pieds nus et se mettant à son niveau. Elle regarde ses lèvres, les touche presque de ses doigts frigorifiés. Elle acquiesce d’un mouvement de tête. Oui. Brynja. C’est son nom. Elle a retrouvé son identité. Elle prononce sans voix ces syllabes, puis prononce encore une fois un ‘merci’, inaudible, ses yeux remplis de larmes. Elle s’avance vers la porte, puis regarde les noms, les touche tous un par un, les caractères gravés sur d’étranges plaques. Elle s’arrête sur un. Lequel d’entre eux est le sien ? Celle que la jeune femme a touché avant de retourner pour le prononcer ? Oui. Ce doit être celui-là. Elle le touche, ses doigts frêles passant doucement sur chaque lettre. Son nom écrit dans une langue inconnue. Dans une de leurs langues inconnues. Tant de caractères semblables. Mais rien qui ne ressemble aux runes. Non, rien. Rien du tout.