|
| |
Auteur | Message |
---|
* Sadoman Wang Huan Yue
+ Pseudo Hors-RP : MCDM • Age : 29 • Pouvoir : Manipulation de la perception du temps • AEA : Une punaise fière et pleine de zèle • Petit(e) ami(e) : Courtney Lener. En tout cas, il aimerait bien. Messages : 74 Inscrit le : 14/07/2012
| Sujet: Re: Squirrel Fray. Sam 28 Sep 2013 - 18:25 | |
| C’aurait été agréable de ne rien sentir. Le gamin, pourtant, savait qu’il n’y avait aucune chance que ça arrive : on ne partait pas comme ça, dans un souffle léger qui nous enveloppait d’une douce torpeur. Les actions s’enchaînèrent trop rapidement pour que son corps pût les suivre : une douleur à la main d’abord, puis un bruit sourd et une douleur ailleurs –il n’aurait pas su dire où. Il n’aurait pas su dire grand-chose, si ce n’était peut-être qu’il avait mal, et qu’il allait mourir. C’était comme ça : il sentit son genou céder au moment de l’impact, ses yeux s’arrondir et sa tête heurter le sol détrempé. Il avait envie de hurler, mais sa langue pâteuse et ses poumons ne l’entendaient pas de cette oreille. Il avait envie de pleurer. Il avait envie que tout ça finisse. Il avait envie que tout ça se termine autrement. Il avait envie de manger quelque chose, il avait trop chaud, il avait trop froid, il allait mourir. Vraiment, siffla la garce dans son esprit, combien de fois l’as-tu juré depuis tout à l’heure ? Ça n’a plus aucun sens désormais. Bouge, lève-toi, espèce de larve. Il pleut. Le ciel pleure tellement il rit. Wang s’en fichait ; il ne la sentait qu’à peine et devinait dans l’air cette odeur qu’avait la terre mouillée les jours de pluie. Il ne pouvait pas la respirer –mais il l’avait fait assez souvent, accoudé à la fenêtre de sa chambre, pour savoir qu’elle était là. L’eau devait dessiner des rigoles claires sur sa peau noircie de cendres trempées, laver le sang qui maculait les cheveux collés à son front. Elle devait être agréable. D’épais panaches de fumée s’élevaient dans le ciel constellé de gigantesques points noirs où ne brillait aucune étoile. Ils étaient là, au-dessus de sa tête, à portée de main : il lui aurait suffi de les attraper pour se relever, il en était sûr. Il aurait suffi d’une main tendue, peut-être, mais rien ne vint et il ne bougea pas d’un pouce. Il ne pouvait même pas pleurer. C’est triste, non ? reprit le gamin effrayé, qui avait dû retrouver son chemin dans les bois. Ah, qu’importe, au fond ; toi, tu n’es même pas triste ou en colère. C’est quand même triste, de mourir tout seul sous la pluie. C’est quand même triste. « C’est… »Il chercha frénétiquement des yeux un autre regard à rencontrer, sans se rendre compte qu’il n’y voyait déjà plus rien. Je vais mourir. Je vais mourir tout seul. Là où la douleur ne le rendait pas malade, le froid l’étouffait. C’étaient de longues griffes de givre qui avaient coupé ses membres et une chape de glace qui écrasait son torse –il n’y avait plus que son genou et ses yeux, qui brûlaient toujours, et sa gorge, toujours aussi sèche. J’ai bien fait de les couvrir, sourit-il quelque part dans le noir. Sous la pluie, ils doivent avoir froid. Mais ils sont deux, et si je les ai couverts… Si je les ai couverts, et qu’ils ne sont pas sous cette terre trop froide, alors peut-être que tout ça aura servi à quelque chose… Mon Dieu, qu’il fait froid.Une seconde passa, puis deux, puis trois ; mais à quoi bon les compter ? N’importe qui vous l’aurait dit, il était mort avant même de toucher terre. Ses prunelles fixes contemplaient un ciel d’airain lourd de nuages et de vapeur, ses lèvres figées sur un mot –lequel ?– tandis que ses mains écorchées, couvertes de cloques, d’un rose pâle, de noir et de blanc d’os étaient serrées, inutiles, autour des doigts imaginaires de quelqu’un qu’il avait sans doute aimé. Mon dieu, mon dieu. Qu’il fait froid. - Spoiler:
C'est court, et j'ai sérieusement rouillé dans mon genre, mais au moins c'est fait. Voilà, mon mélo du soir bonsoir, je vais à présent retourner réviser la morale kantienne. Tcho hoes ! Mon dernier bébé vous mettra à tous la misère !8DD
|
| | | Explosion d'étoiles Nova Svanadóttir
+ Pseudo Hors-RP : Angie • Age : 30 • Pouvoir : Donner la sensation d'être brûlé vif. Miam. • AEA : Ský, un renard polaire ~ • Petit(e) ami(e) : HIV RP en cours : - Souvenirs indésirables (Corpse Party)
- Snake, blood & fire (Gecko) Messages : 121 Inscrit le : 24/05/2010
| Sujet: Re: Squirrel Fray. Ven 4 Oct 2013 - 20:40 | |
| Frissonnante sous la pluie, les mains tremblotantes à cause du manque, entre autres, de nicotine, Nova plissa ses yeux de colère. Elle serra la mâchoire, les traits tirés et le visage crispé. Suivre l’autre idiot qui rampait dans la boue ? Et pourquoi pas suivre l’autre fou quand il tenterai de s’enfuir, tiens ?
« Non » lâcha-t-elle simplement, croisant les bras.
Elle se coula derrière Clarence, toutefois – les combats, ce n’étaient définitivement pas son truc. Son truc à elle, c’était plutôt la magouille, la finesse. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait attaqué le fou furieux de dos, elle préférait être sournoise qu’honnête. Sauf que là, il fallait l’avouer, elle était à demi-morte. Le sang collé dans ses cheveux et la douleur diffuse dans son abdomen masquaient à peine le besoin viscéral qu’elle ressentait d’allumer une putain de cigarette. Chaque goutte qui lui tombait sur la nuque semblait se moquer d’elle, comme si ce n’était pas suffisant qu’elle sente l’eau mêlée de sang s’infiltrer jusqu’à ses sous-vêtements. Soupirant, elle releva les yeux, chassant l’eau qui lui dégoulinait sur le visage, lui masquant la vue – attendez. Il est VRAIMENT en train de courir après quelqu’un ?!
« Putain de merrrrrde ! » siffla-t-elle. Elle commençait à en avoir sacrément marre de courir.
Elle s’élança à la poursuite de Clarence, ses pieds glissant dans la boue, tentant de retrouver un équilibre précaire. Elle n’avait fait que quelques pas avant de s’arrêter brutalement, manquant de s’étaler par terre ; le fou furieux était en face d’un garçon. Mais ce garçon était en train de s’écrouler. Elle eut l’impression que son cœur s’arrêta une seconde, et qu’elle s’était vidée de tout son air. Hagarde, avec ses yeux bleus grand ouverts et ses cheveux bruns emmêlés qui lui ruisselaient le long du dos, elle avait l’air d’une noyée – sans doute parce que c’était ce qu’elle était. Une noyée. Elle resta figée quelques secondes, mais elle se retourna juste à temps pour voir le garçon vers qui Clarence avait couru disparaître dans un affaissement. Elle sursauta et fit une nouvelle fois volte-face, la pulsation du sang lui martelant une nouvelle fois le crâne tant ses mouvements étaient brusques. Pendant quelques instants, il lui sembla qu’elle flottait, qu’elle était inaccessible, et surtout, que la réalité ne pouvait pas l’effleurer. Que ce n’était qu’un rêve. Un putain de cauchemar.
Mais cette sensation s’évanouit tellement vite qu’elle douta de l’avoir ressentie, électrisée par une unique volonté. Elle était à moitié morte, tenant à peine debout, affolée, en manque, douloureuse, ralentie. Oui. Mais elle sentait ce besoin irrationnel lui bruler le sang, elle sentait une chaleur désagréable dans ses joues, sur ses joues, partout. Elle voulait qu’il souffre. Elle voulait le regarder si violemment qu’il ne s’en relèverait jamais. Elle voulait voir la douleur sur son visage, sentir à travers lui le martyre qu’elle lui ferait subir – voir la douleur annihiler les moindres parcelles d’envie de vivre. Et puis l’achever. Pas par miséricorde. Parce qu’elle ne voulait pas qu’il meure. Elle voulait que ça soit pire.
Elle se retourna une dernière fois vers Clarence, le regard brillant, les dents serrées.
« J’te suis, quoi que tu dises. Donc si tu veux aller le fracasser, on y va. Sinon, on se barre. C’est toi qui vois. »
Elle voulait qu’il souffre. Mais elle ne voulait pas mourir. Du moins, pas pour rien. Mais il paraît que tout le monde meure – alors quitte à mourir, autant être sûre que le fou la suive. Sinon, ça n'en valait pas la peine.
Nova, la seule malpolie de ce topic... |
| | | « century old rock wow » Clarence
+ Pseudo Hors-RP : Never • Age : 33 • Pouvoir : Te foutre en bikini en claquant des doigts. (si seulement) • AEA : Gwendoline, qui a joli poil lisse et qui voudrait qu'il le reste. • Petit(e) ami(e) : Qui veut tant qu'on lui argumente la proposition. RP en cours : • Clarence joue à la belote par là.
Messages : 115 Inscrit le : 28/02/2011
| Sujet: Re: Squirrel Fray. Dim 13 Oct 2013 - 15:42 | |
| ... C'était trop dur de sauver la vie des autres tout en sauvant la sienne ; est-ce qu'il y avait un choix à faire dans ce désordre glacial et ruisselant ? Il n'aurait pas laissé Nova derrière lui, quand bien même la livrer bras entravés lui aurait permis la fuite, à lui et Kélian. Il répugnait à l'idée de laisser les autres s'éparpiller comme une volée d'oiseaux, à qui courrait le plus vite et aurait la chance de ne pas attirer l'œil fauve du prédateur. C'était un lancer de dés qui n'avait rien d'inégal : il en ressentait pourtant l'injustice cuisante, là où le couteau de l'autre avait frappé et taillé sans pitié la chair encore trop tendre. Il saignait. Et il avait pitié. Il était toujours humain, quelque part. Boum, boum. Le sol détrempé et boueux ne le fit pas glisser, l'habitude des terrains accidentés avait depuis longtemps remplacé les maladresses des premiers jours. La peur, ou tout autre sentiment acide, lui rongeait la gorge, bloquant momentanément les sons et les exclamations. Le brasier s'était tu, la pluie amenant avec elle l'odeur entêtante des braises mouillées et le relent plus discret mais écœurant des organes passés à la broche. Clarence aurait aimé ne pas pouvoir le sentir. Tous ses sens, décuplés et en éveil, lui apparaissaient sous ce ciel sombre comme autant de désavantages et de vérités cruelles. Il le sut, au moment où sa main partait pour rattraper le corps chancelant et abîmé d'un ami à qui il devait trop. Il n'y avait pas de place pour l'ignorance, dans son monde. La panique ne l'empêcha pas de jeter un œil à Nova, qui piétinait et renâclait. Il ne pouvait rien lui reprocher. Ce que la prudence dictait, il le jetait pour porter secours à un homme déjà presque mort. Un genou dans la terre meuble, Clarence le releva pourtant. Si lui était ici, qui d'autre pouvait se trouver piégé par les arbres calcinés ou les tombes craquelées du cimetière ? Des visages connus, jamais contents ou trop maquillés. Des visages auxquels il s'était accoutumé et auxquels il tenait. Quelque chose de semblable à de la peur mouchetée de dégoût se glissa dans ses veines qui remorquèrent le sentiment jusqu'à un cœur qui battait une cadence bien trop lente pour appartenir à un être humain. Alors que... on ne pouvait qu'enterrer le vrai, pas l'annihiler. Il aurait dû le savoir. Peut-être l'avait-il masqué jusque là. Il se croyait courageux. Il n'avait aucun mérite, aucun. « Kélian ! »Lui aussi, il était presque mort. Les mots, essentiels et superflus, moururent collés à son palais avant qu'il ait pu les formuler. Réveille-toi, ouvre les yeux, parle-moi ? Dis quelque chose. Il ne sentait plus le sang couler le long de sa peau et les blessures se tendre sois le joug de ses mouvements vifs, dénués de précautions. L'exclamation de Nova se mêla à quelques voix fantômes, certaines si vieilles qu'il n'en restait qu'un faible écho ponctué de tendresse. Deux visages qu'il ne reverrait plus. Kélian ? Eh ? Ne pars pas, s'il te plaît. Le danger guettait toujours, tapi dans l'ombre que les flammes avaient cessé d'éclairer. « Ne va pas près de lui, Nova. »On s'en va. Alors pourquoi est-ce que tu restes immobile comme ça ? |
| | | (sauce BBQ ouais) Ralph
+ Pseudo Hors-RP : Sköll • Age : 30 • Pouvoir : Expédier ad patres. • AEA : Son paquet de clopes. Ou le chat mouillé avec des ailes, à voir. • Petit(e) ami(e) : Hans. Leurs QI se répondent. RP en cours : Turn left and then straight to the grave.Messages : 657 Inscrit le : 08/08/2010
| Sujet: Re: Squirrel Fray. Sam 26 Oct 2013 - 0:16 | |
| Impact. C'était surprenant, à quel point la chair coriace qui hurlait, tempêtait, crachait, feintait, comme invincible, pour blesser et s'abattre encore - à quel point cette chair était tendre et molle une fois la peau crevée. Ralph entendit presque le bruit de déchirure lorsque le hachoir pénétra entre les côtes du jeune homme et se fraya un chemin dans ses entrailles avec une jouissance féroce. Descendre la lame d'un coup sec lui aurait donné le sentiment d'ouvrir une fermeture éclair. Badam. Badam. Tue-le, tue-le. Boum. Le cœur de l'autre pensionnaire émit un son de gong désespéré avant de chuter dans sa poitrine comme une pierre jetée dans un puits. Ralph le sentit contre sa peau, la main enfoncée dans le t-shirt du jeune homme alors qu'ils plongeaient tous deux vers le sol comme pour ne plus jamais s'en relever. Il ne voyait pas ses yeux ; n'entendait pas ce que ses lèvres voulaient dire. Il n'y avait que la cadence d'un cœur qui s'emballe et d'un autre qui s'éteint. Justification de la lutte. Du rouge partout, sur le blanc, sur le bleu, Du rouge dans des artères qui battaient la cadence, sa vision obscurcie et le monde entier qui ne voulait plus rien dire. Partout, partout, il y avait le rythme cardiaque du lapin pris au piège la nuque entre les crocs, le rythme de tambour qui fait jaillir son sang de partout - partout. Un craquement sinistre se fit entendre quand la lame de la machette remonta brutalement sous la cage thoracique. C'est ce bruit sourd qui fit prendre conscience à Ralph de la pression invraisemblable qu'il imposait au manche, alors que sa victime avait déjà les yeux perdus au fond du ciel. Il avait les doigts maculés de terre, un filet d'eau glaciale coulait dans son cou et ses mèches trempées se balançaient devant deux yeux hagards de couleur différente. Il voyait flou. Il avait un goût salé dans la bouche. Ses muscles criaient de douleur. Juste sous son nez, il y avait un garçon avec une chemise trempée et bizarrement noire comme la surface d'une plaie coagulée, et il battait vaguement des cils en se demandant où il avait déjà vu ce visage congestionné avant. Ça ne lui revenait pas, vraiment. Il ne connaissait personne avec un vide pareil dans la gorge ; quelque chose avec un trou noir suintant entre deux parcelles de peau blême, c'était pas quelqu'un, d'ailleurs. Il aurait pu le mettre dans son congel'. Tu sais un peu ce qui se passe, Ralph, ou tu as sommeil ? Le jeune homme se releva en s'appuyant sur l'une des épaules inertes qui remua mollement lorsqu'il la relâcha, comme dans un geste indifférence. Il se redressa sans manifester la moindre intention de secouer sa tignasse trempée et s'essuya la bouche sur sa manche. Les autres lapereaux avaient filé. Le regard vide de toute réflexion, Ralph pivota vers les arbres sans accorder un seul regard au duo qui survivait, sur deux jambes près du lac aux eaux grises. Il les avait déjà oubliés. Ses articulations se remirent en route comme si elles n'attendaient que ça et il se remit en route, inconscient de tout ce rouge partout, les oreilles bourdonnantes. Traque.
Ralph → { Scalded bones } |
| | | • Slow Motion Suicide Kélian Ael
+ Pseudo Hors-RP : Nii / MPDT • Age : 35 • Pouvoir : Faire piquer des crises de nerfs aux autres. • AEA : Un truc aux écailles multico - ...hein ? • Petit(e) ami(e) : YHTGFDHFREUIGF RP en cours : – That we can climbMessages : 197 Inscrit le : 08/03/2011
| Sujet: Re: Squirrel Fray. Lun 28 Oct 2013 - 15:08 | |
| Allongé à même le sol, hébété et comme inconscient, Kélian battit lentement des paupières. Il avait peur. Mal. Les larmes noyaient ses poumons sans atteindre ses yeux ; chaque inspiration lui brûlait les lèvres, la voix. Il ne voulait pas mourir. Pas maintenant, pas comme ça – pas avec autant de trucs coincés dans la gorge, il ne voulait pas. Des années de silence à en dire trop ou pas assez défilèrent devant ses yeux, reflétées dans chacune des gouttes de pluie qui frôlait ses cils foncés. J'ai quand même pas tout foiré, si ? La vivacité de ses regrets, plus violente encore que la fatigue engourdissant son corps, le maintint tant bien que mal à la surface. Il ne pouvait pas partir. Il ne voulait pas. J'ai mal, j'ai peur – me laissez pas tout seul, me laissez pas. Il faisait trop noir, ici, et il n'avait pas toujours aimé l'obscurité. Me laissez pas ; sa main gauche, mue par un profond sentiment d'urgence, parvint à se refermer faiblement sur le tissu d'un vêtement qu'il ne connaissait que trop bien. Il ne voulait pas trop lui en demander, encore moins se reposer sur lui ou le tirer vers le fond. Mais pour cette fois, juste pour cette fois, il allait devoir l'aider à se relever. Une toute dernière fois. Pupilles dilatées et souffle erratique, Kélian se raccrocha tant bien que mal au bruit de cette respiration si différente de la sienne. Clarence ne l'aurait jamais laissé tomber, jamais. Cette certitude lui fit l'effet du plus joli placebo ; doucement, bercé par le clapotis serein de la pluie, il sentit ses craintes s'apaiser. S'il n'était plus seul, ce n'était plus si grave. On finirait bien par le sauver. On le sortirait de là. On ne l'oublierait pas. Yeux à demi clos, le jeune homme fit de son mieux pour ignorer les blessures de son ami. Impossible de savoir comment les choses auraient pu être en d'autres circonstances ; et puis, qui sait ? peut-être avait-il toujours été destiné à mourir ici, sous la pluie, sans rien d'autre à dire pour sa défense qu'un pathétique « je sais pas comment c'est arrivé ». Heather était morte, et Clarence n'avait pas besoin de savoir. Ses lèvres s'ouvrirent sur un douloureux silence.
Her – y'a plus que toi, tu sais. Je suis désolé.
« … Heather, et, Selenda... Elles... »
Sa voix se brisa d'elle-même en mille morceaux de rien. Son corps le lâchait ; sans la pression que sa présence exerçait contre sa peau, il n'aurait même pas pu jurer que Clarence était encore là. Ses yeux ne lui servaient plus à rien. Son cœur peinait à battre. Il était trop fatigué, trop malade – trop épuisé d'attendre des secours qui ne viendraient pas. Tant pis si personne ne venait déposer une couverture sur ses épaules pour le réchauffer, tant pis s'il devait s'allonger. Il était tellement, tellement fatigué...
« Désolé, je suis trop crevé... » Ses murmures parvinrent à peine à ses propres oreilles. « Ça te dérange si j'attends là ? »
Il était juste un peu fatigué, juste un peu perdu ; il ne pourrait pas aller jusqu'au bout, pas dans cet état. Impossible. Il avait besoin d'un peu de temps, de quelques minutes pour reprendre son souffle et ses esprits – alors lui, en attendant, n'avait qu'à partir devant. Ce serait sans doute mieux pour tout le monde ; il ne ferait que le ralentir, de toute façon. Autant se séparer pour le moment. Juste le temps de se reposer, rien qu'une poignée de secondes : ce n'était pas un adieu, ce n'était même pas un au-revoir. Vas-y, pars devant – je te rejoins, t'en fais pas. Il allait rester là, juste là. Il n'irait nulle part. Et juste au cas où on se perde en chemin, tu sais, je suis content de t'avoir connu. Ses doigts, comme se défait un nœud trop peu serré, lâchèrent doucement prise. Parfaitement immobile, il semblait déjà ne plus être là. Mais où aurait-il pu aller, hein ?
La seule personne près de qui il veuille encore rentrer était juste là.
Juste quelques minutes, d'accord ? |
| | |
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Squirrel Fray. | |
| |
| | | |
Page 3 sur 3 | Aller à la page : 1, 2, 3 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |