Drabble #11 “Bougie” - Votes !
Je vous laisse le plaisir de découvrir les participations ! Comme d'habitude, les auteurs (bien que parfois reconnaissables à leur style) ne sont pas révélés directement sur la page afin de n'influencer personne. Cependant, une fois que vous aurez posté pour indiquer votre choix, ils vous seront visibles ! ;D
(Oui je copie colle honteusement)#1
« -Eh merde ! T’avais dit quoi déjà ? Une tuerie mon cul !
-Du calme », l’entendit-il soupirer depuis le siège passager. Une moquerie sous-jacente sourdait dans cette voix fraîche qui n’osait pas rire mais en mourait d’envie. Il décocha un violent coup-de-pied dans la carrosserie. Elle sembla lui renvoyer le regard torve dont il la gratifia. Foutue bagnole.
« -Tu veux que je m’en charge ?
-S’te-plait, ouais. »
Elle avait éclairé de ses phares à la lueur jaunâtre des kilomètres d’asphalte et autant de bals nocturnes de phalènes aux ailes sombres, valsant sans jamais se toucher au rythme des mélodies datées que crachotait la radio. Après trente ans de vie, son moteur ne ronronnait plus que comme un vieux chat fatigué. Faiblard, claqué. Ils l’avaient eue d’occasion –enfin, surtout Gab.
« -C’est les bougies.
-Putain de bougies. »
Jeffrey n’avait jamais su les réparer. On leur avait dit avant de la leur refourguer, que les bougies tiendraient pas le coup. Pas que ça ait jamais été un problème ; Gab s’en tirait pas mal avec. Rageusement, il claqua la portière et se laissa tomber devant le volant. Le cuir du siège émit un grincement de protestation.
« Elles lâchent alors qu’il reste que quelques mètres. Bordel de merde. »
A travers le pare-brise, le capot relevé renvoyait à Jeffrey l’image d’un adulte perdu. C’était une belle caisse, mais elle ne redémarrerait pas. Devant lui, la ferraille retomba dans un bruit sourd, révélant les flots noirs qui, au-delà du ponton, souriaient une écume vorace entre deux vagues.
Quelques mètres les séparaient, infranchissables. Jeffrey ne savait pas remettre d’aplomb ces foutues bougies, et il n’y avait personne côté passager pour le faire à sa place, se moquer doucement et lui dire de faire demi-tour.
(300 mots)
#2 - Le souhait du prisonnier
« Je veux un quart de siècle ! Non, un siècle tout entier. »
L'écrivain est un alchimiste fou. Á la lueur de sa bougie fondue, il enchaine les calculs à la cire et les essais sous le feu; son rictus, suif blanc qui dégouline le long de son menton pointu jusqu'à ses feuilles, tache d'imbroglios ses solutions en perpétuelle décomposition. Ses mains de lépreux saisissent les flacons, envoient voler de la poussière à tout va; c'est un squelette dans une mansarde placardée de débris qu'il voit or.
L'alchimiste fou est un magicien toqué, drogué à la lueur que ses yeux dévorent comme mille joyaux précieux.
« Je veux plus encore, peut-être trois vies à la fois... »
Son rire remonte le long des charpentes fragiles, fait vibrer la déraison à travers ses inflexions hystériques. Les gouttes opaques qui glissent le long du bâton croqué par les flammes prennent la transparence de la sueur et s'écrasent dans la mer saline qui les accueille à flots ouverts. Perdu dans ses schémas insipides, il redresse ce corps rachitique et perclus de vieillesse: il pousse un cri auquel seuls les chant funèbres du vent daignent répondre. Possédé, cet homme baragouine des phrases qui n'ont aucun sens, même pour les lignes serrées qui lui renvoient un regard torve et centenaire. Il lève les bras au ciel pour implorer un Dieu déjà mort.
« Maintenant laisse-moi prendre ce qui me revient de droit ! »
Un éclair porte son ombre contre le bureau mangé par la vermine. Ses vêtements, robe de bure grossière, embrassent le bois pourri dans un claquement sourd d'os et de chair séchée. Ses mains immaculées se referment sur une ultime formule. La bougie vacille mais ne s'éteint pas.
La légende veut qu'elle brûle encore de nos jours.
(300 mots)
#3 - A la lueur des Ombres
Lorsque l'obscurité nous engloutit, nous avons tendance à nous perdre. Nous perdre au milieu de songes et de pensées, nous perdre au sein même de notre esprit. Nos yeux se ferment, plus par réflexe que par réelle obligation. Alors, toutes nos sensations s'intensifient.
Assise sur une chaise branlante, au beau milieu d'une des nombreuses salles du pensionnat, ton cœur bat à un rythme effréné. Tu le sens jusqu'au bout de tes doigts. Il résonne dans ta tête, jusqu'à te la faire perdre. Comme cette mélodie étrange et redondante, celle qui s'obstine en toi. Méfie-toi. Elle voudrait voler ton âme.
Tu te balances lentement sur la chaise en bois, les ombres t'assaillent. Tu les sens pénétrer en toi, et tu paniques. Peut être parce que tu sais. Tu sais qu'elles veulent dévorer ton être. Tes doigts crochètent la chaise, si fort que tes jointures blanchissent. Tu sens leurs mouvements autour de toi, tu les entends rire. La peur devient colère et haine. Tu voudrais les abattre, tous jusqu'au dernier. Tu voudrais te convaincre que tu ne les crains pas. Mais c'est faux, et ça te répugne d'être aussi faible. Tu sens leurs affreux yeux rouges qui te scrutent à travers les ténèbres. Inconsciemment, tu te débats, pour les repousser le plus loin possible de ton corps qu'ils ont déjà souillé. Tu les sens qui s'agrippent à tes membres avec un bruit de frottement répugnant.
Ton hurlement se répercute longtemps à travers le dédale de couloirs déserts. Tes yeux s'ouvrent. Tu es de retour dans le dortoir. Une bougie blanche brûle à tes côtés, dissipe les ombres. Une de tes camarades te regarde, une allumette noircie à la main.
- Tout va bien. Elles sont parties.
(300 mots)
Je vous laisse maintenant faire votre choix : veuillez poster à la suite de ce message en respectant le formulaire suivant s'il vous plait ! Bon vote \o/
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[b]1er :[/b] #num + commentaire facultatif
Les résultats seront annoncés le 29 Juillet dans la journée.. Vous avez donc jusqu'au 28 Juillet 23:59 SI TOTALEMENT pour voter ! Je compte sur vouuuus.