Drabble #12 “Chute” - Votes !
Je vous laisse le plaisir de découvrir les participations ! Comme d'habitude, les auteurs (bien que parfois reconnaissables à leur style) ne sont pas révélés directement sur la page afin de n'influencer personne. Cependant, une fois que vous aurez posté pour indiquer votre choix, ils vous seront visibles ! ;D
(Oui je copie colle honteusement)#1 - L'oiseau
" Réveille toi, on part"
Un homme, baraqué, la trentaine. Un sourire nerveux, des rides prématurés, des poches sous les yeux. La jeune fille sort de son somme. Elle est blonde, jeune, jolie mais aussi des poches sous les yeux. Une lumière clignote au dessus de leur tête et le parquet grince tandis qu'une odeur d'urine embeaume l'air. Des sirènes au loin, des détonations. Un motel.
" Va le chercher. "
La jeune fille prend un sac de sport. Dedans une tête, des bras, des jambes, un buste. Un mort. Puis un autre sac, des billets verts. Du fric. La lampe a grillé les laissant ainsi dans la pénombre. Seulement on pouvait voir des dents jaunies et un sourire vicieux se dévoilait sur le visage de l'homme. Il attrape le cou frêle de la jeune fille. Le cri assourdissant et jouissif de la terreur. Il lui tord son cou comme on torderait celui d'un oiseau. Juste pour qu'elle se taise et qu'elle garde le secret dans la mort. Il la pousse du rebord de la fenêtre et elle chute. Un pâle corps inanimé sur le béton froid et dur, juste un exemple de la chute sociale.
(200 mots)
#2
"... Ils n'étaient plus que deux. Le sang dégoulinait de leurs corps meurtris formant une marre rougeâtre à leurs pieds. Ils se toisaient sans bouger, comme s'ils n'osaient faire le premier pas. L'un d'eux devait mourir, ils le savaient. Les cadavres jonchaient déjà le sol, et aucun des deux garçons n'osait les regarder. C'était les corps de leurs familles, de leurs amis, et là... Le plus jeune des deux étouffa un sanglot. Pas maintenant. Il ne devait pas craquer maintenant. Ses doigts se refermèrent encore sur le manche poisseux de son couteau, si fort que ses phalanges pâlirent. L'autre gars, légèrement plus vieux, passa une main hésitante sur son front, essuyant les gouttes naissantes. Il tremblait. Peut être de peur, de fatigue, ou simplement de froid. Cela faisait des heures qu'ils combattaient. Des heures qu'ils tuaient, qu'ils souffraient. Les respirations se faisaient sifflantes, et à chaque expiration, un nuage blanc se formait devant eux. La fin était proche, ils le sentaient. L'air avait cette odeur de sueur et de sang, cette odeur âcre de décomposition. Cette odeur de mort. Le plus vieux des garçons raffermit à son tour son emprise sur son arme déjà souillée et poussa un cri de guerre, se ruant sur son adversaire. Les lames n'eurent aucun mal à trouver leur chemin, dans la poitrine de chacun des garçons. Ils se jetèrent un dernier regard empli de stupéfaction et de douleur. Ils s'écroulèrent en même temps, et la mort prit l'entière possession du champ de bataille."
Assise sur le lit de leur chambre, la jeune fille laissa les derniers mots du livre qu'elle était en train de lire résonner.
- C'est tout ? s'enquit son auditrice. Elle est nulle, ta chute.
(300 mots)
#3
« -Il était une fois un garçon heureux, lut-elle à haute voix, il pleura parfois et rit un peu.
-Continue, lui enjoignit son compagnon, la suite est bien. C’est une belle histoire, c’est un chef-d’œuvre et c’est très drôle. »
Hésitante, elle parcourut du regard les arabesques laissées sur le papier par des mouches pressées. D’ordinaire grandiloquentes, les lettres articulaient ici un récit grotesque que son auteur dépourvu de talent, poète raté aux vers mièvres, décrivait comme une tragicomédie hilarante. Elle lut encore :
« -Il poussa la porte. Il vécut, pleura parfois et rit un peu. Il était une fois une fille blonde, elle mentit et fut méprisée de tout le monde. Elle poussa la porte, elle vécut, mentit parfois…
-Arrête-toi, c’en est une autre, ça. La première est meilleure.
-Mais… Il manque quelque chose, il manque… Il manque une chute, ou…
-Non, c’est parfait comme ça ! »
Égaré dans le domaine étrange des songes, un rire dévasté agita son diaphragme. Et la mort n’était pas si laide sous son masque, l’apocalypse n’était pas si près, les lieux changeaient et les visages, engoncés dans leur dégoûtante éternité de chair, en avaient d’autres suspendus à leurs traits, niellés de l’éternité gracieuse de la mémoire. Il riait, riait à gorge déployée devant une plaisanterie vaste comme l’univers.
« Tu ne comprends pas ? Voilà la suite ! Il était une fois, une fille, un garçon, ils vécurent, il était une fois quelqu’un, il était une fois, quelqu’un, quelqu’un, quelqu’un… Ils ont vécu, ils sont entrés, et la chute… Ah, comment voudrais-tu qu’il y en ait une ? C’est ça qui est drôle, ils continuent d’y vivre, pour toujours pareils, tout en jurant être morts… »
Douce, douce ironie du sort.
(300 mots)
#4 - ... de l'arc-en-ciel
Nine, avant le pensionnat, ne connaissait que deux teintes : le Noir et le Blanc. Lors de sa création, le Dieu de son univers avait semble-t-il oublié sa palette. Cependant, dès que les yeux de la fillette effleurèrent les éclats alors sans noms, elle en tomba littéralement amoureuse.
Voyez-vous cette demoiselle habillée étrangement ? Aujourd’hui, elle pourrait vous faire la leçon ! Vous indiquer que, non, ce matin le ciel est loin d’être Bleu Azurin mais plutôt Maya. Que, non, sa chaussette droite est bien Vert Pomme mais que l’autre est Violet Zinzolin. Que non, Carmin. Non, Orpiment. Non, Poil de Chameau. Et ainsi de suite.
Ces nuances n'ont plus de secret. Son attachement est sans limite. Elle en a même construit un hobby. Chaque soir, armée de ses ciseaux Gris Acier, elle infiltre en catimini les chambres des pensionnaires plongées dans un Noir Dorian. Et d’un geste expert, elle referme sur elles même les deux lames jumelles.
Comment qualifieriez-vous votre surprise si, un matin, des brins de vos cheveux venaient subitement à manquer ? Et que, au détour d’un couloir, vous rencontreriez Nine. Jeune fille étrange aux habits extravagants et à la perruque arc-en-ciel ? « Non ! C’est … »
(200 mots)
#5 - Sables
Chancelant solitaire dans son char qui vacille
- craque la vaporeuse c'est ainsi qu'il s'abîme.
Hué il décroît, en crescendo chuintant en vrille
- décadente déçoit l'épaisse stupeur des cimes
Uniformes. Quand, soudain chrysalide
- ultime fade langueur au sifflet déraillée, et qui sonne
Tannée elle s'effile et s'écorche et s'enride
- elle ternit et dessèche et s'endort et s'ennuie, dans la collante stupeur d'une aiguille entravée
- hésitante
- au fait, qu'en est-il du rez-de-chaussée ?
Et en fait de réponse, savoir qu'on n'en recevra
- point.
(100 mots)
Je vous laisse maintenant faire votre choix : veuillez poster à la suite de ce message en respectant le formulaire suivant s'il vous plait ! Bon vote \o/
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Les résultats seront annoncés le 18 Août dans la journée. Vous avez donc jusqu'au 17 Août inclus pour voter ! Sachant que si vous êtes fous et voulez voter le matin du 18, entre minuit et treize heures, ça marche aussi. ALORS VOTEZ LES ENFANTS. Et n'oubliez pas que participer c'est bien, mais voter c'est encore mieux.